Le marketing des associations
humanitaires
III/ LES DEFIS DE DEMAIN/
RECOMANDATIONS
A/ LES DEFIS
1°)
Gérer les flux de ressources
Le premier défi va consister
à gérer les ressources toutes nouvelles dûes simultanément
à l'introduction de nouvelles méthodes de collecte, de nouveaux
produits/dons, et à un effet de mode, engendré par l'hyperrmédiatisation
de l'humanitaire dans les années 1980 et au début des années
1990.
Les difficultés de gestion
s'épaississent si l'on tient compte du cycle de vie des causes caritatives
et humanitaires: en 1977-1978, les rendements des campagnes de prospection
sur le thème des handicapés et du troisième âge
étaient trés supérieurs à ceux portant sur
d'autres actions. Quatre ans, plus tard, en 1981, les rendements des publipostages
sur les thèmes de la recherche médicale et du tiers-monde
l'emportent alors qu'ils étaient en trés net retrait par
rapport aux deux précédentes causes.
Ce phénomène s'observe
également au niveau des associations elles-même: il y a un
don Médecin du Monde comme il y a un don Croix Rouge, mais les bases
de données (autre que l'évolution des budgets de chaque organisme)
permettant de mesurer la phase du cycle de vie dans laquelle se trouvent
le don pour telle ou telle association restent peu nombreuses et permettent
mal d'analyser ce problème.
Développer le marché
du don
Le principal facteur du développement
du marché du don en France dans les années 1980 est l'introduction
des méthodes du marketing direct. Un certain potentiel sur ce créneau
existe encore, si l'on améliore les méthodes et si l'on parvient
à mieux cibler les publics et bien sûr leurs attentes. Mais
, les plus fortes progressions seront permises par la création ou
le développement d'autres méthodes, éventuellement
en provenance d'Outre-Atlantique. C'est là qu'intervient une donnée
essentielle du marketing humanitaire français: le manque de créativité
des décideurs de nombreuses grandes associations et leur résistance
au changement.
Fidéliser les donateurs et
les bénévoles
Quoiqu'il en soit le nombre d'individus
impliqués dans les mouvements caritatifs ou humanitaires français
est actuellement important et en constante croissance. Mais le marché,
notamment au niveau du marketing direct, n'est pas extensible à
l'infini. Il faut donc désormais penser à fidéliser
ses donateurs. Un des facteurs de fidélité est la "multi-implication",
si le particulier a donné une ou deux fois, par hasard, il est nettement
plus suceptible de faire des infidélités à l'association
que s'il a , en sus, participé à la Journée Portes
Ouvertes du comité local, aidé à l'organisation d'une
conférence, lu régulièrement le journal de l'association
et rencontré des volontaires qui ont été partie prenante
d'une microréalisation. Jean Di Scuillo propose également
une méthode reposant sur un planning d'opérations de marketing
direct. Le principe est le suivant: accompagner le donateur, tout au long
de l'année, en alternant nouvelles de l'association, de ses opérations/terrain
et bien sur, nouvelles sollictations.
Développer le mécénat
d'entreprise
Du côté du mécénat
d'entreprise, les perspectives sont encourageantes:
Ce marché semble vouloir se
développer sous l'effet de trois facteurs:
- Le média-planning des annonceurs
s'affinant, les entreprises qui débutent dans le sponsoring ne s'orientent
pas vers des domaines traditionnels comme le sport ou la culture mais recherchent
des actions inscrites dans des univers de valeurs plus ciblés et
plus proches de leur culture d'entreprise spécifique.
- Les entreprises expérimentées
investissent de nouveaux domaines.
- un effet de file d'attente, qui
induit un phénomène de hausse des coûts, dans le domaine
trés structuré du sponsoring sportif ( comme cela s'est déjà
déroulé pour les espaces publicitaires TV ).Ceci conduit
donc à s'intÈresser à d'autres médias ou le
ticket d'entrée est relativement peu élevé ( cas de
l'événementiel humanitaire).
Il y a quelques années, M.
Jouven le PDG d'American Express constatait: " Le mécénat
social et humanitaire n'est pas encore bien entré dans les moeurs
des Français, et certains sont choqués ou craignent que l'entreprise
ne gagne de l'argent sur le dos des déshérités. Il
y a un manque de maturité, d'évolution des Français
sur ce sujet. Pour beaucoup d'entre eux, c'est la responsabilité
de l'Etat et non celle des entreprises ou des individus"
Mais, progressivement, l'intervention
de l'entreprise acquiert une légitimité croissante et c'est
ce qui explique que le domaine des causes sociales et humanitaires, soit,
d'aprËs les prÈvisions de l'Union Des Annonceurs, appelé
à devenir rapidement le troisième terrain d'élection
du sponsoring après le sport et la culture. L'effet de mode dû
aux rôles des médias vient conforter cette analyse.
2°) Se préparer à
une concurrence accrue
Comme on l'a déjà mentionné,
si l'on ne trouve pas d'autres sources de croissance ( création
de nouveaux produits ), il sera difficile d'accroître le volume des
dons. Si l'on ajoute à ce problème celui d'une crise économique
profonde dont les effets ont été, dans les dix dernières
années, masqués par l'utilisation de nouvelles méthodes,
la concurrence entre les multiples sollicitations va s'accentuer, et le
donateur sera de plus en plus confronté aux problèmes du
choix entre les 20, 30, 40 organismes qui finiront par lui demander sa
contribution trois ou quatre fois par an. Ce problème est actuellement
amoindrit par l'existence d'un coeur de 5 millions de ménages qui
donnent 250 F en moyenne à sept associations. Mais les politiques
de croissance, plus ou moins marquées, de tous les intervenants
du marché, vont aggraver le problème.
Trois conséquences découlent
de cette course au don.
D'une part, le ticket d'entrée
est de plus en plus élevé.
Les frais liés à la
conception de mailing, à l'acquisition de fichiers, à la
réalisation et à l'envoi tendent à s'accroître
et imposent une surface financière de départ que peu possèdent.
La notoriété devient de plus en plus indispensable si l'on
désire obtenir des résultats probants . L'arrivée
de nouveaux entrants devient donc, de plus en plus improbable. En même
temps, ceux qui existent mais n'ont pas les moyens de leur développement,
ou ne désirent par y consacrer une part trop importante de leur
budget , se font progressivement évincer du marché. Le ticket
d'entrée devient toujours plus onéreux.
Vampirisation des ressources par
quelques associations
D'autre part, la concurrence entraîne
une concentration. Ceux qui ont commencé suffisamment tôt
le recours au marketing direct et aux relations publiques, ont maintenant
les moyens de mener des campagnes de grande envergure et aspirent à
eux la majorité des dons. Le fait que les trente première
associations vampirisent 70 % des ressources provoque d'ailleurs des tensions
au sein des quatre cents suivantes.
Coûts de collecte en augmentation
Les frais de collecte s'élevant,
la rentabilité des actions dÈcroÓt. La part des dons
consacrée à la recherche de nouveaux financements augmente
donc pendant que la part consacrée aux actions /terrains diminue.
Dans certaines associations, les frais de constitution du fichier absorbent
la totalité de la première collecte, l'année suivante,
deux tiers, puis, un tiers. Aux Etats-Unis, il est recommandé de
ne pas dépasser, un ratio de 35 % entre frais de collecte totaux
et total des recettes. En 1991, pour M.D.M.; M.S.F.ou le C.C.F.D., le ratio
était de 20 % .Pour des problèmes de crédibilité
et de transparence, des gardes fous devront être fixés en
France, soit par les associations elles-mÍmes, soit par la loi.
Une déontologie est nécessaire afin que le fund-raising ne
suive pas avec quelques décennies de retard l'évolution des
marchés traditionnels, ou la compétition s'est transformée
en lutte acharnée, ce qui contribuerait à dénaturer
le mouvement.
3°) Des rapports ambiguÎs
avec les médias
Surmédiatisation de certains
événements
Aujourd'hui, dans un monde surinformé,
l'humanitaire doit absolument faire entendre sa voix. Communiquer pour
informer le public des drames qui se jouent loin de son quotidien, communiquer
aussi pour se faire connaître et donner une image de lui-même.
En matière humanitaire, l'image
reste un support essentiel de la communication. Elle a le mérite
d'associer à la fois information et émotion. "Pour que les
gens puissent lire une réalité dans laquelle ils ne se sont
pas investis, l'image donne des clés, elle va plus vite à
l'essentiel" ( Alian Mingan, directeur de la rédaction du département
magazine de Sygma).
Aller à l'essentiel, c'est
aussi parfois prendre le risque d'aller trop vite et de ne pas suffisamment
contrôler l'information, avec des risques d'amalgame ou même
de désinformation. Aujourd'hui, la télévision, l'audiovisuel
façonnent les autres médias. A l'époque du direct,
on cherche à aller au plus vite et au plus spectaculaire et c'est
parfois l'engrenage. A trop vouloir sensibiliser, on peut tomber dans le
sentimentalisme ou le mélodrame. C'est un fait qu'on ne donne pas
spontanément à une "grande cause" théorique: un lien
affectif est nécessaire à l'imaginaire. La photo d'un donateur
touche davantage qu'un discours sur l'aide au développement. Quand
le malheur prend visage, c'est alors qu'il est le plus poignant.
Un levier difficile à contrôler
Mais que penser face aux réactions
provoquées par certains reportages ? En 1991, à la suite
de la diffusion du "Marché de l'innocence", l'agence Sunset s'est
retrouvée assaillie par les lettres et les appels téléphoniques
de téléspectateurs demandant non pas comment agir contre
l'exploitation infantile, en général, mais pour aider tel
ou tel visage enfantin vu à l'écran.
De plus, émouvoir le public
semble ne pas suffir, il faudrait, selon certains, secouer, pratiquer l'électrochoc,
afin de sortir les masses de leur léthargie. Là aussi, forte
est la tentation de l'image qui choque, de l'horreur qui va enfin percer
la carapace d'indifférence de l'opinion.
Un organisme humanitaire a testé
deux images pour sa campagne publicitaire: l'une reprÈsente une
victime atrocement brûlée, l'autre, un blessé portant
un pansement. La photo qui " a rapporté le plus" est celle du brûlé.
L'horreur se vend-elle donc mieux ? Et en faut-il toujours plus ? Les gens
ont parfois l'impression d'avoir tellement donné dans l'horreur
qu'il faut encore plus d'horreur pour qu'ils se resensibilisent. Cette
conscience du monde souffrant peut être cependant ressentie à
la longue comme une sorte d'agression si elle est excessive ou trop fréquente.
Une surenchère d'atrocités conduit bien souvent à
l'inverse de l'effet escompté: le public, blasé, banalise
l'horreur pour échapper au malaise. C'est ce qui peut arriver de
pire à un organisme humanitaire que cette indifférence caparaÁonnÈe
de la collectivité.
Une enquête de l'I.P.H. ( Information
Presse Humanitaire ) livre le visage de l'information humanitaire tel qu'il
est offert par les associations elles-mÍmes, à partir du
dépouillement des communications de ces dernières à
la presse. Sur plusieurs points, elles rejoignent leurs confrères
de la presse d'actualité: une grande priorité est accordée
aux catastrophes dans les P.V.D., maladies, guerres ou catastrophes naturelles
( environ 40% de l'information ), 10 % touchent aux violations des droits
de l'homme, 10% à la protection de l'environnement, et 10% à
l'association elle-même.
Cette médiatisation de l'horreur
est d'autant plus paradoxale que les spécialistes de la communication
humanitaire sont conscients de l'effet de "ras-le-bol" qui se produit à
la longue. Chez M.S.F., on affirme " Depuis cinq ans, on estime qu'il n'est
pas trËs positif de communiquer sur les victimes, on préfère
communiquer sur nos actions" (voir annexe 7) . N'est-ce pas là un
principe de base que tous les services de communication des associations
devraient maîtriser dés leur apparition. ? Et pourtant, force
est de constater l'abstraction faite par un certain nombre de médias
de cette notion.
Une interdÈpendance trËs
marquée
Ce qui nous amène logiquement
à la conclusion que l'aide humanitaire serait dépendante
de l'actualité: les grandes opérations médiatiques
ne s'inscrivent jamais dans la durée ( qui se souvient encore des
boats-people, objets de multiples reportages , il y a dix ans ? ). Bien
souvent, les O.N.G. tirent la sonnette d'alarme sur un drame qui se joue
à l'autre bout du globe en silence. Si les médias ne suivent
pas, que peuvent-ils faire ? Il y a trois ans des populations étaient
gazées au Kosovo; aucun média ne s'est fait le relais de
la tragédie, malgré les requêtes de plusieurs associations
présentes sur les lieux. Aujourd'hui, tous s'émeuvent du
sort de la Croatie...Un événement qui n'est pas repris par
les médias n'existe pas.
L'humanitaire a besoin des médias
pour faire connaître son action, pour attirer l'attention du public
sur les grands drames humains. Mais les médias ont-ils eux aussi
besoin de l'humanitaire ? Les O.N.G. sont pourtant parfois des informateurs
recherchés: dans certaines situations, elles sont là avant
les autres et sont les seules à pouvoir pénétrer.
Mais bien souvent, elles sont contraintes de payer le billet d'avion au
journaliste, pour qu'il se rende sur place.
Dans d'autres cas, l'association
demande au journaliste de ne pas la citer, afin de ne pas compromettre
son action en cours. Dans des pays aux situations troublées, le
C.I.C.R. (Comité International de la Croix Rouge) s'est fait une
réputation de "porte-silence"; Savoir se taire est une règle
d'or pour ces "agents secrets de l'humanitaire"; aucune information autre
qu'anodine n'a jamais filtré à propos de la situation politique
ou de pratiques concernant les droits de l'homme dans certaines zones d'intervention.
Pour s'attaquer aux véritables
causes des drames de l'humanité, la presse complète l'action
de l'humanitaire. Les médias, en dépit de leurs déformations
professionnelles, sont plus des alliés que des frères ennemis.
Cette union est nécessaire. Encore faut-il rester assez vigilant
pour que les rapports de force ne soit pas en la défaveur des associations
humanitaires.
B/ Recommandations
1°)
Adapter ses prestations
Améliorer l'efficacité
des actions menées
L'augmentation de l'efficacité
des campagnes de collecte passera par un lobbying auprËs des pouvoirs
publics afin d'obtenir des mesures fiscales réellement avantageuses
( déductibilité totale du don -40% aujourd'hui - et élévation
des plafonds de déductibilité - actuellement 5%- ) pour rattraper
le retard sur nos voisins européens. La faiblesse de l'enveloppe
budgÈtaire accordée aux associations -142 millions- peut
d'ailleurs servir de base à ces revendications. En outre, dans de
nombreux pays, les associations bénéficient d'une franchise
postale. Lorsque l'on sait que, pour un organisme humanitaire, ces frais
représentent 30% des dépenses liées au mailing, l'enjeu
est colossal.
D'un point de vue technique, la plupart
des associations ne disposent pas d'un volume d'informations suffisamment
conséquent pour les autoriser à segmenter de façon
trËs précise leur vivier de donateurs. La mise en place de
bases de données complètes serait une nouvelle étape
de l'appel de fonds et permettrait de définir des messages spécifiques
à chaque cible lors d'un mailing de masse. Actuellement, les seuls
critères de segmentation couramment utilisés semblent être
la fréquence de dons et l'origine géographique des donateurs
actuels. Pour la prospection, des fichiers sont loués soit à
des loueurs professionnels, soit à des entreprises qui touchent
des populations à forte propension au don.
Proposer de nouvelles formes de collaboration
Le manque de créativité
des associations a déjà été souligné.
La création de nouveaux produits humanitaires constituerait une
nouvelle source de croissance comme l'introduction du marketing direct
l'a été il y a dix ou quinze ans. La possibilité ,
comme on l'évoque au Secours Catholique, d'un "Krach Humanitaire"
(à cause des interrogations sur l'extensibilitÈ du vivier
de donateurs) devrait inciter à investir dans la recherche de nouvelles
formes de participation
Deux éléments conditionnent
toutefois le succËs d'une telle entreprise:
- une coïncidence réelle
avec les motivations des publics, qui ne peut être garantie que par
une meilleure connaissance de ceux-ci. Or, le nombre d'études dans
ce domaine est relativement restreint à cause du problème
de leur financement et ce sont toujours les mêmes auxquelles il est
fait référence. Une actualisation des données, et
une précision plus importante des études favoriserait la
conception de produits attractifs, bénéficiant d'un mix performant
et mobilisant par là même un nombre toujours plus important
de participants.
- l'objet de l'association ne doit
néanmoins pas être relégué au second plan, car
grande peut être la tentation de céder aux effets de mode,
ce qui aurait deux conséquences: la dégradation de l'image
de l'association sur le long terme (qui serait perçue comme instable)
et la disparition de son "âme".
De plus, l'évolution sociologique
est riche en enseignements: l'augmentation du temps de loisir, l'augmentation
du nombre de chômeurs désirant s'occuper (apparition de nouveaux
réservoirs de main d'oeuvre qualifiée), la dégradation
du tissu relationnel (l'association est un des instruments modernes de
recomposition de ce tissu) sont autant de phénomènes qui
sont favorables à une montée en puissance de l'association.
Quelques idées de produits
Le concept de " tourisme humanitaire"
bien que révolutionnaire pourrait être s'avérer trËs
bénéfique aux associations. Afin de donner une nouvelle dimension
(spirituelle) à ses vacances, pourquoi ne pas les utiliser à
une oeuvre caritative ou humanitaire. Un exemple basique: un programme
de construction de puits est mis sur pied au Mali; sur place, deux permanents
sont dépêchés: un technicien et un formateur/gestionnaire;
tous les mois, cinq couples dont on a vérifié la motivation
et qui ont suivi un séminaire de préparation en France, arrivent,
sont formés en deux jours, fonctionnent en binômes avec un
'local' et sont opérationnels pendant une vingtaine de jours. Ils
assument entièrement les frais liés à leur séjour.
De retour en France, ils auront une vue exacte des problèmes qui
se posent, se sentiront tout spécialement concernés lorsque
l'association les sollicitera, et participeront vraisemblablement trËs
activement à la promotion de la cause.
Autre exemple: la logistique des
mailing pourrait être restructurée, grâce au recrutement
d'équipes d'inactifs ou de chômeurs, désirant s'occuper
utilement. La conception et la réalisation des mailings est centrale.
Mais une fois les documents imprimés, ils sont envoyés à
toutes les délégations régionales et mis sous pli
sur place. Pour une opération de 500 000 courriers, une centaine
de centres doivent être créés et traitent 5000 messages
chacun ( une journée de travail pour vingt personnes ). L'économie
réalisée serait appréciable.
Pourquoi, même, ne pas imaginer
une imprimerie fonctionnant essentiellement grâce au bénévolat
? Les salariés sont réduits à une équipe de
cadres, appuyés par des stagiaires de l'enseignement technique.
Le reste du personnel est composé de bénévoles de
différentes associations ; un système de management, intégrant
toutes les contraintes que ce type d'organisation peut supposer est spécialement
conçu. L'imprimerie, dont le capital est réparti entre les
principales organisations, est équipée d'un matériel
moderne, centralise tous les mailings des associations humanitaires et
complète s'il y a lieu son carnet de commande avec le reste du monde
associatif.(afin d'amortir le matériel).
2°) Instaurer des codes de déontologie
Des règles étant nécessaires
à la fois pour encadrer les services prestataires et pour régler
la concurrence inter-associative, mes recommandations porteront sur la
création de chartes ou l'extension des chartes existantes: L'UNIOPSS
a créé la Charte de déontologie des organisations
sociales et humanitaires faisant appel à la générosité
du public. Le fonctionnement de celle-ci repose sur une participation de
toutes les associations qui le souhaitent à la réflexion
et sur une adhésion volontaire donnant droit à l'attribution
d'un label.
La charte (voir annexe 9) a pour
objectifs principaux d'encourager la générosité du
public et d'informer les donateurs sur l'utilité sociale des actions
menées et du respect des intentions annoncées lors de l'affectation
des fonds qu'elles collectent.
Accessoirement, cette charte espère
inspirer confiance à l'état et encourager la fiscalité
en faveur des associations.
Les principes de bases sont les suivants:
1°) Transparence financière
- établir de documents annuels
comptables rigoureux et facilement accessibles au profane, en mettant en
relief l'origine des ressources et l'utilisation de celles-ci
- faire certifier de ces documents
par des commissaires.
2°) Qualité des actions
et des messages:
- respecter son objet social
- ne pas induire le lecteur en erreur
sur l'identité de l'association et la nature des actions menées
3°)Rigueur des modes recherche
de fonds
- respecter la législation
en vigueur
- s'assurer de l'honnÍtetÈ
des prestataires
4°) Contrôle interne stricte
- mandater une équipe de contrôle
veillant à une juste rétribution des prestataires, au non-détournement
de l'actif, et à l'indépendance des dirigeants de l'association
avec les sociétés prestataires de services.
Actuellement, seuls 22 organismes
sont membres du Comité de la Charte (contre dix-huit lors de la
création). En effet, les stratégies mises en oeuvre, les
méthodes de collecte utilisées, ainsi que la nature des activités
du reste des associations rendent délicates les nouvelles adhésions,
car la charte ne semble pas avoir fixé des standards permettant
au plus grand nombre de rejoindre le comité. C'est pourquoi il serait
souhaitable que sa rÈflexion m_risse rapidement sous peine de n'avoir
qu'un impact limité à un nombre réduit de participants.
La quasi-stagnation du nombre de ses membres (depuis quatre ans) tendrait
à prouver que de nouvelles orientations doivent être envisagées.
C'est un véritable oecumÈnisme associatif qui devrait se
développer au sein du comité. En cas d'échec, la création
d'une "Cob" de l'humanitaire, comme le réclament certains, s'avérera
peut-être nécessaire.
La charte des prestataires
Une charte (suivi d'une adaptation
de la législation) devra également encadrer le recours aux
prestataires de services afin d'empêcher l'absorption d'une part
trop importante des collectes par des entreprises, par définition,
à but lucratif mais aussi de limiter les marges commerciales réalisés
lors des transactions avec les associations.
Les agences de communication ont
d'ailleurs anticipé ces changements: la loi sapin restant floue
sur la collecte de fonds et le hors-média, Antoine Vacaro (P.D.G.
d'Excel) a décidé en concertation avec ses homologues européens
de fixer un standard de transparence dans les relations entre agences et
associations. Cette charte est cautionnée par Euroconcult, association
créée pour la circonstance. Présidée par Antoine
Vaccaro, elle regroupe déjà deux Hollandais, Harris &
Compagnie et Van Dooren, l'agence allemande Maecenata Management, l'anglaise
Brakely John Prices Jones et une seconde entité française,
Marjolaine Preiss Communication.
La charte s'étend sur le chapître
des rémunérations en matière de collecte et prône
l'instauration d'une tarification, dont les termes, conditions et montants,
sont fixés à l'avance entre l'organisation et l'agence. Les
prix sont déterminés sur la base du temps préalablement
estimé, du type de service rendu par la société de
conseil et des qualifications des consultants. La charte s'oppose aux commissions,
aux rémunérations provenant des fournisseurs et prestataires,
à la publicité outrancière sur les succËs passés
et aux conflits d'intérêt avec et entre les clients.
Malheureusement, ici, encore, surgissent
des obstacles empêchant une rapide adhésion de toutes les
agences du fait des différences observées dans les politiques
de tarification.
CONCLUSION
1993,
Raphaël RICHARD, mémoire de fin d'études |